Les philosophes, dont je suis, ont l’habitude d’exposer leurs idées : ils pratiquent —le plus souvent— l’art de parler, de faire des cours, des conférences et des interventions publiques ; ils savent aussi —le plus souvent— écrire, publier des articles et des livres.
Mais ces dernières années, j’ai tenté d’exposer autrement certaines idées au cœur de mon travail : j’ai voulu les exposer au travers d’ « expositions », dans des institutions non plus universitaires mais muséales. Or, je ne suis ni historienne d’art ni spécialiste d’esthétique, et pas davantage conservateur : rien ne m’y préparait.
Je voudrais tenter d’expliquer pourquoi cela m’est apparu comme une nécessité, y compris philosophique. Expliciter aussi les difficultés et les avantages de la « naïveté » propre au philosophe : qu’est-ce qu’un exposition d’«intellectuelle » ?
Je m’appuierai pour ce faire sur mon double travail sur la traduction (le Dictionnaire des intraduisibles et l’exposition du Mucem Après Babel, traduire). Puis, mais cela revient toujours à un savoir-faire avec les différences, sur l’exposition à la Vieille Charité Les objets migrateurs, trésors sous influence, pour explorer le rapport à l’autre, barbare, étranger, accueilli, semblable, tant dans la perspective de l’Antiquité grecque que dans celle de la modernité associative.
Photo portrait : © Opale