ÉDITO

L’Île-de-France est marquée par les contrastes. Région dotée du revenu fiscal médian le plus élevé du territorial national, les écarts de revenus y sont aussi les plus forts. Région capitale, sa métropole, dont la construction administrative est par ailleurs très largement inachevée, fait oublier que 57 % des communes y sont rurales et près de 75% du territoire est agricole et forestier. La population est ainsi très inégalement répartie : 20 % de la population se concentre sur 2% du territoire.
 

L’urbanisation dense se concentre sur les axes routiers, ce qui a des impacts en termes de pollution atmosphérique, lumineuse et phonique. A cela s’ajoute un habitat ancien, dégradé, avec des taux de sur-occupation très supérieur à la moyenne nationale. Le tout a des effets délétères sur la santé des populations. Pourtant, l’état de santé des personnes vivant dans les zones rurales est moins bon que dans les zones urbaines et périurbaines de la région, quels que soient les indicateurs examinés, et alors que les densités médicales, omnipraticiens et généralistes, y sont les plus faibles de la région.


Si la population est jeune, 1 francilien sur 4 ayant moins de 20 ans, elle est aussi vieillissante. Le phénomène du vieillissement et la perte d’autonomie liée à l’âge sont différenciés selon les départements, marquant une autre différenciation territoriale. 


Les flux migratoires sont importants en Île-de-France et concentrés sur certains territoires départementaux et infra-départementaux. On estime ainsi que la moitié des mineurs non accompagnés sont en Ile-de-France, surtout à Paris et en Seine-Saint-Denis.


Les inégalités de santé sont ainsi les traductions des inégalités sociales et spatiales.  


En 2019, la France connaît une situation que le CESER Ile-de-France, dont l’Uriopss est membre, qualifie de « crise à plusieurs dimensions, sociale, sociétale et institutionnelle » et qui est révélatrice de ruptures profondes. Cette crise marque le rejet d’un modèle de société générateur de fortes inégalités et d’injustices visibles et ressenties, et d’un modèle de société qui met en péril les générations futures. L’Uniopss et le réseau des Uriopss se sont notamment engagés en signant un Pacte social et écologique « pour donner à chacun le pouvoir de vivre ».


Comme le CESER pose le besoin impérieux de reconstruire un lien social particulièrement délité, le premier axe du Pacte ambitionne de « réinventer le bien commun pour refaire société ». Avec les membres du CESER et les signataires du pacte, l’Uriopss Ile-de-France porte la conviction profonde que la fragmentation sociale, économique, environnementale et territoriale met en danger la société. A l’inverse, les engagements communs pour la solidarité, l’accueil des différences, des fragilités et des vulnérabilités, rendent possible la construction d’une société solide et résiliente. 


Les organisations privées non lucratives sont les vigies de la cohésion sociale, territoriale et économique sur leurs terrains de réflexion et d’action. Elles sont les observatrices éclairées de la persistance des inégalités et de la croissance des besoins sociaux. Elles sont forces de propositions pour concevoir et mettre en œuvre des réponses à y apporter. Elles défendent aussi le bienfondé de politiques sociales et de santé ambitieuses.


A l’occasion de la Journée de rentrée sociale 2019, l’Uriopss Ile-de-France propose à ses adhérents et aux acteurs franciliens de la santé et des solidarités d’interroger leurs rôles sur les territoires pour réaffirmer leurs conceptions partagées de l’intérêt général, pour la cohésion sociale, économique et écologique.