Artisanat d'art du cheveu coupé : matière première d'une recherche par la pratique du design

Je tente de faire renaître un artisanat d'art, de nos jours oublié, apparu à la fin du XVIIème siècle.

Cette pratique artisanale consistait, en tant que particulier, à apporter à des "artistes en cheveux", ainsi nommés à cette époque, des mèches de cheveux d'une personne aimée morte ou vivante, afin qu'ils puissent créer au moyen de ces fibres, des objets reliques sous forme de tableaux appelés «camaïeux», ou des «bijoux sentimentaux» à porter sur soi ou à offrir.

Pour ce faire, j’ai mis en place des protocoles créatifs d’ennoblissement de cette matière première d'origine humaine.

Chaque don capillaire qui m’a été confié par des personnes de mon entourage, ou par le bouche-à-oreille, est hybridé avec des matériaux et des savoir-faire techniques textiles contemporains, afin de proposer des nouveaux matériaux singuliers et individualisés.

Cela m’amène à tisser littéralement les liens entre des individus. Par cet artisanat d’art, je tente de proposer, aux particuliers qui me confient leurs mèches de cheveux, l’opportunité de ritualiser des moments de vie, de donner à la matière, la possibilité de témoigner formellement d’un souvenir, sous la forme d’un tissu. Ainsi, chaque pièce est conçue et créée en étroite collaboration avec l’individu propriétaire du don, afin qu’il lui soit restitué sous une autre forme, « textilisée ». 

Cette pratique fait l’objet d’une recherche en Art et Sciences, qui me permet de m’interroger sur l’interaction entre la matière première et l’artefact réalisé par l’artisan d’art ou designer, et enfin, son client. Les activités scientifiques, allant des Sciences des matériaux jusqu’à l’anthropologie, sont sollicités dans le cadre de cette recherche.