Les trois sœurs relate la vie de trois jeunes femmes, Olga, Macha et Irina, recluses dans leur maison, en banlieue d’une ville de province. Entre espérances et désillusions, elles rêvent de retourner à Moscou, pour commencer une nouvelle vie et ouvrir le chemin des possibles. 

C'est dans un dialogue passionnant et ludique que nous avons voulu interroger l'écriture de Tchekhov. De cette pièce emblématique, nous voulons explorer l'histoire tragique des trois sœurs, mais nous voulons également l’emprunter comme un socle, pour nous permettre d'amorcer une plongée dans nos propres rêves et fantasmes. Comment les mots de l'auteur nous renvoient à nos propres vies? Quelles étaient nos aspirations, quand nous avions vingt ans, et nous trouvons-nous à la hauteur de celles-ci, à l'aube de nos quarante ans? Que faisons-nous, qu'avons-nous fait, toutes et tous, acteurs, actrices, spectateurs et spectatrices, aux différents âges de nos vies, de nos rêves d'enfant? Dans un jeu entre réalité et imagination nous glissons dans la peau des personnages pour révéler notre chant intérieur, et les aspérités de l'âme humaine. En les faisant résonner avec les incertitudes de notre temps.

Ainsi parlait Pénélope, nous guide vers la parole, le chant, ce qui demeure du mythe, de son origine : les mots, l’histoire d’une attente, d’une épreuve pour Pénélope. La perte incertaine et troublante, les va-et-vient entre espoir déçu et attente obsessionnelle, lui font côtoyer la folie. Face à nous elle tisse avec témérité les liens qui l’unissent à Ulysse comme la métaphore d’un amour inébranlable. 

Sous la plume de Tino Villanueva c’est Pénélope qui est l’héroïne, c’est elle qu’on entend penser, parler...c’est ici par elle que l’on découvre l’Odyssée. Elle apparaît comme le pendant d’Ulysse. Rusée, combattante, résistante, patiente, elle nous livrera par sa voix le sel de sa vie, ce qui lui a permis de faire face à l’épreuve et de détourner le destin qui semblait lui être imposé. 

Ainsi parlait Pénélope tisse l’attente, lui donnant une épaisseur, et retrace les longs jours endurés par Pénélope, entre désir et colère, rêverie et lucidité, crainte et confiance. D’une plume inspirée d’Homère, Tino Villanueva écrit un vibrant hommage à l’amour véritable, au-delà de l’épreuve. 

Parlement est un solo composé à partir du corpus sonore de l'Encyclopédie de la parole: la partition est constituée d'enregistrements de paroles aussi diverses qu'une plaidoirie, un message de répondeur, un discours politique, une déclamation poétique, une publicité, un extrait de sitcom, un prêche religieux, un commentaire sportif... Ces enregistrements, d'abord recueillis pour leurs qualités propres, ont fourni la matière d'une écriture théâtrale particulière, procédant par montage et composition non de textes, mais de sons. En faisant se succéder une centaine de voix à l'intérieur d'un même corps, celui de l'actrice Emmanuelle Lafon, Parlement génère un discours transformiste et poétique, traversé par la diversité de la parole humaine.

L’Encyclopédie de la parole est un projet artistique qui explore l'oralité sous toutes ses formes. Depuis 2007, l'Encyclopédie de la parole collecte toutes sortes d'enregistrements et les répertorie en fonction de phénomènes particuliers de la parole telles que la cadence, la choralité, le timbre, l’adresse, l’emphase, l’espacement, le résidu, la saturation ou la mélodie.  À partir de cette collection, qui comporte aujourd’hui plus de 1000 documents en libre écoute sur son site, l'Encyclopédie de la parole produit des pièces sonores, des performances, des spectacles, des conférences, des concerts et des installations. 

L’Encyclopédie de la parole est animée par un collectif de poètes, d'acteurs, d'artistes plasticiens, d'ethnographes, de musiciens, de curateurs, de metteurs en scène, de dramaturges, de chorégraphes, de réalisateurs de radio. Son slogan est : "Nous sommes tous des experts de la parole" .

Dans une Géorgie inféodée à l’URSS, deux groupes se disputent l’usage d’une terre. Les uns en ont été chassés par les allemands pendant la guerre, et aspirent désormais à rentrer chez eux. Les autres ont imaginé un projet agricole dont la mise en œuvre nécessite qu’on leur cède l’usage de la fertile vallée. À la fin des négociations, on fait venir un poète, on donne une pièce de théâtre, Le cercle de craie : afin que l’art éclaire la vie. Dans cette fable qui en contient deux, Groucha Vachnadzé, une modeste fille de cuisine, sauve de la mort Michel, héritier d’un gouverneur assassiné pendant un coup d'État, lâchement abandonné par sa mère. Groucha et Michel échappent aux soldats, traversent des montagnes, fuient jusqu’aux confins du royaume, et parviennent à se faire oublier. Puis un nouveau coup d’état survient, qui rétablit le régime initial, et permet à sa mère biologique de réclamer qu’on lui rende Michel. Mais Groucha revendique l’enfant, elle aussi: elle l’a élevé, il est le sien. C’est Azdak qui instruit l’affaire, un vagabond que les circonstances ont installé en lieu et place du juge du royaume. À qui remettra-t-il l’enfant?

Écrite en 1945, la pièce de Brecht imagine, dans un monde saisi entre la conquête capitaliste et l’édification socialiste, la réalisation d’une utopie de partage et de raison, l’utopie d’un monde sans classes. Notre époque n’a plus rien à voir avec la seconde moitié du XXe siècle, et la domination néolibérale semble désormais inéluctable. Pourtant, travailler avec Brecht aujourd’hui, c’est se permettre de l’interroger à l’aune de l’Histoire, se permettre de considérer l’écho dans notre temps des intentions qui ont pu être les siennes, les bonnes comme les autres. Pour continuer à imaginer des alternatives à la domination, surtout quand tout autour semble concourir à sa perpétuation.

Ce spectacle est construit autour de la partition intitulée "Musique de Tables", composée par Thierry de Mey en 1987. C'est une partition pour trois percussionnistes disposant de tables pour seuls instruments. Pendant les sept minutes de l’œuvre originale, l'attention est toute entière portée sur les doigts, les ongles, les paumes ou encore les phalanges qui créent la musique. Point de rencontre entre deux disciplines, la musique et la danse, c'est pourtant son potentiel théâtral qui nous a interpellés. Le déployer est devenu l’enjeu de notre recherche. 

Mais avant de rêver et de créer, il fallait d’abord maîtriser son exécution. Nous n’étions pas musiciens mais qu’importe, nous savions que nous avions entre les mains un objet extraordinaire. Pendant deux ans, parallèlement à l’école du Théâtre National de Strasbourg, nous avons donc acquis la grammaire musicale dont nous avions besoin, nous avons déchiffré cette partition et l’avons travaillée jusqu’à la faire nôtre, jusqu’à la connaître par cœur. Alors pouvait commencer pour nous le travail de création.

Nous vous proposons de rejoindre le foyer protestant de Rothau, et d’accompagner les dernières heures de la sixième édition des Scènes sauvages au rythme du soleil couchant, avec ferveur et amitié! Vins natures et bières locales, restauration végétarienne, flexitarienne et gluten free, chaises longues, ou tables à partager… un début de soirée rêvé, dans un cadre naturel d’exception!

Entouré de fantômes, le groupe originaire de Rennes s’engage dans un geste radical et singulier: la voix grave et charnelle de Marina Keltchewsky s’incarne en dix portraits de femme, passant de l’anglais au russe ou encore au français, comme autant de déclinaison d’elle-même. La métrique imparable de Gaël Desbois (batteries, machines) nous prend par la main pour nous conduire aussi bien sur des chemins rock que technoïdes, cold wave, et post-soviétique. Enfin, les guitares de Maxime Poubanne, tour à tour disruptives ou mélodiques, donnent toute leur électricité aux morceaux et gravent des refrains compulsifs dans l’oreille.

Tchewsky & Wood se jette corps et âme dans la bataille pour faire face aux voix du monde qui l’habitent, l’envoûtent ou l’assaillent, et livre une performance aussi charismatique que puissante, en nous sommant d’écouter nos propres voix intérieures!