« Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné ? »
Pendant 15 ans, l’écrivain Albert Camus et la comédienne Maria Casarès s’écrivent des centaines, presqu’un millier de lettres incandescentes, résistant et combattant ainsi l’absence et les séparations. Lui est solaire, exigeant, spontané, mélancolique, souvent en proie au doute et à l’abandon. Elle est flamboyante, sensuelle, excessive, parfois cruelle, d’une fureur amoureuse presqu’animale. Leurs lettres se croisent, se répondent, se froissent, se déchirent, se perdent… On y lit la joie, l’impatience et l’usure de s’écrire, quelquefois l’incompréhension, mais surtout l’urgence vitale de faire barrage au silence par les mots. Ils s’aiment, ils se le disent, se l’écrivent, se le crient : nous voici spectateur d’un amour hors norme, éternel et invincible : « parce que c’était lui, parce que c’était moi » ; « parce que c’était Albert Camus, parce que c’était Maria Casarès ».