Billetterie
Descriptif
WEYES BLOOD (Folk/USA) en 1ère partie + KEVIN MORBY (Pop/USA)
Il y a une cinquantaine d’années, Kevin Morby aurait certainement été une star internationale. Mais malheureusement pour lui (et heureusement pour nous !) le jeune homme est né trop tard, dans un moment musical qui privilégie les coups médiatiques et les parcours éphémères plutôt que les carrières magnifiquement menées. A moins de 30 ans, il peut en effet se prévaloir d’un CV musical impressionnant : bassiste de Woods, chanteur guitariste de The Babies (déjà accueilli au Ciel pour un concert mémorable), et désormais auteur de deux disques de références en son nom propre. Mais malgré un mode de fonctionnement à l’ancienne, (200 concerts par an, deux albums en un an), et un succès d’estime indéniable, Kevin Morby reste un artiste confidentiel, très largement et très injustement sous-estimé, voire assez souvent incompris. La lecture de beaucoup de chroniques faisant d’abord référence à Bob Dylan ou à Leonard Cohen est symptomatique de ce premier malentendu : outre une certaine paresse intellectuelle qui consiste à utiliser ces références dès qu’il s’agit de parler d’un songwriter à guitare, le jeune américain ne peut en effet être résumé à ces seules lointaines racines. C’est tout simplement ignorer ce qu’il a pourtant magistralement retenu autant de la pop psyché et déjanté de Woods que du punk rock déglingué, foutraque et désinvolte de The Babies. Second malentendu : sous prétexte que son premier album solo a été enregistré à New York, et le second à Los Angeles, le dernier devient nécessairement le «versant solaire et lumineux» du premier…
Or, à l’écoute, c’est pourtant très exactement le contraire qui se produit, illustrant parfaitement l’interaction des influences de Kevin Morby : son premier essai en solo souffrait encore des relents hippies de Woods, alors que le second apparait bien plus dur et urbain, d’ailleurs conforme à son objectif initial : «j’avais envie d’un disque plus rock’n’roll, nerveux et sombre, qui prendrait ses racines dans le punk des années 70 ou le Velvet Underground». Certains ont même été jusqu’à reprocher à Still Life de trahir son prédécesseur Harlem River, car plus rock et plus indie, comme si à un quelconque moment leur auteur s’était positionné comme un ardent défenseur d’une scène folkeuse lo-fi. Ce qui fait la singularité de Kevin Morby réside pourtant très exactement dans la multitude de ses influences, qui le rend de fait inclassable. «J’ai toujours été attiré par le fait de raconter des histoires. C’est ce qui m’attirait dans la musique folk au départ. Je ne peux pas concevoir un autre moyen d’écrire». Mais pour donner encore plus de force à ces personnages de fous, de clochards, d’acrobates, de vampires ou de noyés, loin de se contenter d’un songwriting classique dans lequel pourtant il excelle, il a désormais choisi d’étoffer ses univers musicaux, beaucoup plus proches en ce sens d’un Lou Reed auquel il rend d’ailleurs un hommage direct, tout en gardant une distance désinvolte hérité du punk, l’empêchant en particulier dans des morceaux de bravoure comme Amen de sombrer dans un baroque trop appuyé.
Définitivement, le Kevin Morby que l’on présente souvent n’est pas celui que nous aimons : pour nous, c’est tout simplement un musicien de grande classe, dont l’intérêt réside avant tout dans la multiplicité de ses expériences, la diversité de ses influences, et la complexité de ses compositions, subtilement occultées dans un écrin de douceur vocale et d’évidence musicale.
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Événement
Weyes Blood (Folk/USA) + Kevin Morby (Pop/USA)
38000 GRENOBLE
FRANCE