POP. 1280 (Punk Rock/USA) + OLIVIER DEPARDON (Rock/FR)
 

Olivier Depardon et le Ciel : une vieille histoire d’amour… Il y a près de 15 ans, Virago, groupe devenu culte et dont aujourd’hui encore pas mal de jeunes artistes continuent de se réclamer, travaillait ses morceaux dans nos locaux. Puis, ce fut Zygoma que nous avons eu le plaisir d’accompagner, avant qu’Olivier Depardon ne choisisse de se consacrer au son : pendant deux ans, il fut ainsi sonorisateur attitré du Ciel, où il a «emmagasiné de la bonne musique» (c’est lui qui le dit dans Libération en avril 2012) en accueillant les artistes programmés. Si son premier album solo nous avait déjà impressionnés, Les saisons du silence, son dernier opus, fait l’effet d’une bombe dans le paysage quasi désertique du rock français. En renouant avec l’urgence des premiers Virago (les fans ont certainement eu des frissons en entendant le cri du morceau : Tout arrive, les ramenant à celui de Tout va pour le mieux), désormais intégrée à l’expérience accumulée aux cours des dernières années, aussi bien en matière de textes que de son, Olivier Depardon semble aujourd’hui au sommet de son art. Ecriture plus que jamais maitrisée, prouvant une fois encore que le français colle parfaitement au rock quand il est intelligemment utilisé, rage contenue sans jamais perdre de son intensité, guitares énervées trouvant désormais leur place dans des compositions plus complexes : décidément, la maturité a du bon, quand elle ne fait que magnifier l’urgence des révoltes premières. «Laisse grandir, laisse agir, laisse s’assagir» chante-t-il, tout en ayant beaucoup de mal à y parvenir totalement, pour notre plus grand plaisir. Pour cette date pas comme les autres, il sera accompagné sur scène de 4 musiciens, dont un cuivre et un violoncelle.

Et pour qu’il n’y ait aucune ambigüité sur le caractère rock de ce premier concert de l’année 2015, ce sont les redoutables Pop. 1280 qui succèderont à Olivier Depardon sur la scène du Ciel. Musiciens new-yorkais signés dès leur premier album sur le prestigieux label Sacred Bones Records, ils viennent aujourd’hui nous présenter leur deuxième opus, Imps of perversion, enregistré par Martin Bisi, considéré comme l’un des plus grands réalisateur artistique suite à son travail avec Swans ou bien entendu Sonic Youth (et accessoirement déjà aperçu au Ciel lors du mémorable concert de Gentlemen & Assassins). Si l’on pense immédiatement à ces mêmes Swans ou encore à Pissed Jeans pour ce rock tendu, noir, no futur, Pop. 1280 va encore un peu plus loin dans le cauchemardesque, en convoquant des sonorités indus qui évoquent inévitablement Einstürzende Neubauten ou Nick Cave version Blixa Bargeld. Tirant leur nom d’un roman très noir de Jim Thompson, ils parlent également volontiers de l’univers cinématographique de David Cronenberg pour évoquer leur musique, à côté de leurs références incontournables que sont Suicide, Chrome ou Gary Numan. Porté par les prestations habités d’un chanteur charismatique, dont les thèmes de prédilection sont la luxure, la tentation et la débauche, Pop. 1280 nous promet un live dévastateur et apocalyptique, dans la grande tradition post-punk : oui, le futur existe, mais c’est un cauchemar.