Descriptif
"Une histoire de la lutte contre le sida" : tel est le titre de l'ouvrage que co-écrivent Michel Bourrelly et Olivier Maurel pour le CNRS, à paraître en 2021. Le livre se conclura par un chapitre qui aborde trois questions sous forme de tables-rondes de 45min :
- Peut-on vaincre le sida ? - Table ronde animée par Viviane Jungfer, avec Jean-François Delfraissy et François Berdougo
Dans les pays riches, le sida est aujourd'hui devenu une maladie chronique. Mais d'une part, la conscience des risques de contamination demeure insuffisante dans certaines populations parmi lesquelles le nombre de séroconversions ne diminue guère ; d'autre part, en vieillissant avec le VIH, on constate des co-morbidités induites par le virus lui-même ou par les traitements. Dans les pays les moins favorisés, à peine plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH/sida ont accès aux traitements, à cause de la faiblesse des budgets nationaux de santé et d'une aide internationale insuffisante.
Les statistiques mondiales publiées par l'Onusida en 2017 montrent que 70% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique ; parmi ces dernières, 77% seulement sont sous traitement (soit 54% des personnes infectées) et 82% d'entre elles ont une charge virale indétectable (soit 44% des personnes touchées). Les trois objectifs à atteindre d'ici 2030 sont 95% des personnes vivant avec le VIH diagnostiquées, 95% des personnes diagnostiquées sous traitement et 95% de charge virale indétectable chez ces patients sous traitement.
Ces objectifs sont-ils réalistes ? Est-il pensable de vaincre le sida, et à quel horizon ? Pour ce faire, quelles doivent être les priorités de santé publique et de financement ? Par ailleurs, comment la recherche et l'industrie pharmaceutique peuvent-elles contribuer à rendre la prévention et le soin plus efficaces et accessibles ?
- Quel héritage politique la lutte contre le sida offre-t-elle aux luttes actuelles ? - Table ronde animée par Danièle Messager, avec Daniel Defert et Hakima Himmich
Contrairement à ce qui existait pour d'autres pathologies, le cancer par exemple, la lutte contre le sida a très vite rassemblé des personnes directement infectées et affectées par l'épidémie. Mues par l'urgence et la solidarité, elles se sont engagées physiquement, affectivement, mais aussi politiquement. Parce que c'était souvent une question de vie ou de mort, cette mobilisation sociale a su faire entendre sa parole, développer ses propres réponses et soutenir des mutations sociales au service de l'intérêt général.
Le monde actuel fait face à des situations parfois très critiques, y compris en terme vital, qu'il s'agisse de dangers environnementaux, d'inégalités socio-économiques, de crises sanitaires, de menaces sécuritaires, etc. Or les prises de conscience et les réactions, individuelles ou politiques, ne semblent guère à la hauteur des enjeux. La résignation ou l'impuissance seraient nourries par l'exclusion sociale due au néolibéralisme, par l'individualisme consumériste, par la crise de la représentation démocratique, par la recherche de boucs émissaires, etc. Pourtant, des indignés aux gilets jaunes, des mouvements sociaux se font entendre.
Quels sont les facteurs qui ont permis de cristalliser un collectif de lutte contre le sida et de politiser son action ? En quoi les façons dont s'est structurée la lutte contre le sida peuvent-elles fournir des pistes encore pertinentes aux mouvements sociaux actuels ? Quelles sont les "luttes transversales" (dans l'esprit de Michel Foucault, "Le sujet et le pouvoir" dans "Dits et écrits", tome IV, texte 306) ?
- Que peut apporter la lutte contre le sida à la santé mondiale aujourd'hui et demain ? - Table ronde animée par Frédérique Prabonnaud, avec Michel Kazatchkine et Stéphanie Tchiombiano
Daniel Defert avait défini le malade du sida comme un réformateur social. De fait, la lutte contre le sida a eu des implications multiples dans la santé, mais aussi dans la société : la relation au savoir et au pouvoir médical, la relation soigné-soignant, la place des usagers dans le système de santé, la santé communautaire, l'accès aux nouveaux médicaments, l'implication des personnes concernées dans la recherche médicale et comportementale, la reconnaissance des droits des malades et de ceux des minorités, le changementt de regard sur la maladie en général, etc.
Des critiques ont aussi été portées sur cette lutte s'agissant entre autres de la visibilisation de populations ou de pratiques souvent réprouvées socialement, d'une grande médiatisation au regard d'autres pathologies, d'une certaine concentration de moyens, etc. Aujourd'hui, notamment pour des raisons financières, certains affirment qu'il faudrait globaliser tous les problèmes de santé et faire rentrer le VIH dans le cadre d'une réponse commune à toutes les maladies ?
Avant de désorganiser une lutte qui n'est pas encore terminée, quelles leçons en tirer pour faire avancer la recherche, la prévention, le soin, l'accompagnement pour d'autres pathologies ? Comment transférer l'expérience acquise à propos du VIH/sida ? Quels enjeux de santé publique peuvent s'inspirer de la lutte contre le sida au niveau mondial ?
Clôture et synthèse : Professeur Didier Jayle, Fondateur du Crips Île-de-France
En partenarait avec les auteurs, le Crips Île-de-France vous invite à venir échanger autour de ces sujets le jeudi 28 novembre à partir de 14h.
Afin de continuer les échanges, l'après-midi se terminera par un moment convival autour d'un cocktail.
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Événement
L'histoire de la lutte contre le VIH et son héritage pour l'avenir
75015 Paris
FRANCE
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Crips Île-de-France
Gabriel Féménias - Directeur général
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93500 Pantin
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Téléphone : 0184039696