Les philosophes juifs allemands issus de l’héritage de Hermann Cohen ont placé au centre de leur préoccupation le rapport complexe entre la pensée occidentale et la question de la prophétie, considérant que celle-ci avait été reléguée au rang de mythe ou de folklore. Or, la prophétie n’est pas un motif régional ou marginal de la philosophie. Des philosophes tels que Rosenzweig, Martin Buber, Leo Strauss ou encore André Neher et Emmanuel Levinas la considère comme centrale, voure fondamentale, quand bien même elle ne répond pas à des critères rationnels.

Nous nous proposons durant ces quatre cours d’explorer le bien fondé du rapport entre philosophie et prophétie. Plusieurs questions seront abordées : pourquoi la philosophie ne peut-elle pas échapper à la centralité de la prophétie ? En retour, la prophétie a-t-elle besoin de la philosophie pour se déployer dans l’histoire ? Peut-on parler de contradictions fécondes ou d’antonomie insumontables entre une démarche conceptualiste (philosophie) et l’approche interprétative de la Bible et du Talmud. Autant de questions qui nous permettrons de revenir sur le couple historique, foi (prophétique) et raison (philosophique). Si la prophétie juive en vigueur dans la Bible hébraïque représente une figure de dérangement notoire dans la pratique philosophique, elle est cependant un des pivots majeurs du renouveau de la philosophie au XXème siècle. Cette figure de dérangement affecte non seulement la lecture et l’interprétation des textes philosophiques, mais elle opère une césure décisive dans le rapport à l’histoire, de sorte qu’elle devient un élément critique de la temporalité.

1. cours : les prémices et les pionniers – Mosès Mendelssohn et Hermann Cohen
2. cours : le moment Rosenzweig – Parole de révélation et histoire
3. cours : La structure éthique de la prophétie
4. cours : Emmanuel Levinas, la critique de la totalité et les philosophies de l’histoire