Ceux qui pensent que cette belle plume du rap français, ancienne école sur les bords et avec un côté très dark à sa lune en a déjà beaucoup dit malgré son jeune âge risquent de regretter leur incrédulité.
Avec “Dans ma ruche, Guizmo démontre qu’il est loin d’avoir fini de mâcher ses mots. C’est sous la forme d’un flow torrentiel qu’il éjecte les punchlines comme dans “Du R5 au R1”, “Gremlin’zs”, “Dans le zoo” ou “Ligne 9”.
Sorte d’héritier de Damien Saez élevé avec Scred Connexion, X Men ou Oxmo Puccino en fond sonore, Guizmo a fini par quitter L’Entourage début 2012, histoire de ratisser plus large, plus profond et de façon plus personnelle.
“Dans 10 ans”, un des titres les plus forts de l’album, lui permet d’exprimer la détresse que lui inspirent un présent marécageux et des lendemains qui menacent de chanter encore plus faux que prévu. Mais ce n’est certainement pas pour qu’on s’apitoie sur son sort. A vingt-trois ans, c’est sans une once d’hypocrisie et le moindre complexe que Guizmo s’attaque aux sujets qui hantent son quotidien précaire (l’ennui, la drogue, la police, les filles…) et dérangent ceux qui refusent d’admettre que d’autres le vivent.
Avec “Dans ma ruche”, Guizmo se sert du caniveau comme d’un tremplin, du studio comme d’une piste aux étoiles noires et balance un coup de pied dans un essaim de mots éructés d’une réalité amère, mais qui est la sienne, et dont il sait qu’il ne s’échappera pas de trente-six façons.