DANS LE CADRE DE LA 10E EDITION DU FESTIVAL "ORIGINES CONTRÔLÉES"

CONCERT / EL GUSTO

El Gusto raconte l'amitié entre de vieux musiciens séparés par l'Histoire et réunis par la musique. Ce projet naît de la rencontre fortuite d’une jeune réalisatrice avec un vieux miroitier de la Casbah d'Alger, Monsieur Ferkioui. Celui-ci lui révèle le souvenir d'une classe de musique des années 1940 dans laquelle il a fondé ses premières amitiés. Emu, il lui présente des photos de ses anciens camarades de classe de musique, juifs et musulmans, perdus de vue depuis cinquante ans, faisant tous partie de la première classe de musique chaâbi du Conservatoire municipal d'Alger. La jeune femme décide de se mettre à la recherche de ces amis dispersés. Après s’être retrouvés, ils décident de former un orchestre de 42 musiciens réunis sur scène après un demi siècle de séparation pour partager l'émotion et la joie d'une musique authentique : le Chaâbi. Et ce qui ne devait être que l'histoire de simples retrouvailles sur scène pour une seule date à Marseille en 2007, s'est transformé en la renaissance d'un groupe. Le projet a pris de l'ampleur, permettant aux musiciens d'entamer une tournée à l'Opéra d'Alger, au Théâtre du Gymnase de Marseille, à Paris-Bercy, au Barbican de Londres et en ouverture du Festival de Jazz de Berlin en 2007. Cette tournée a par ailleurs accompagné la sortie d'un disque, et le projet donné naissance à un film, sorti en janvier 2012.

El Gusto, mot espagnol signifiant le goût, est devenu dans la langue d'Alger une véritable expression pour qualifier « la bonne humeur, la joie de vivre ». Cette joie de se retrouver entre amis pour chanter la musique chaâbi, chère au peuple d'Alger.

Constitué de ces vieux maîtres du chaâbi munis d'instruments de musique divers et éclectiques, du piano au luth, de la derbouka au banjo, cet orchestre d'envergure transpose la joie et la bonne humeur des quartiers populaires dont les musiciens sont issus. Autour de  chansons, saisissantes peintures des mariages, des ambiances de cafés ou du port et la vie de ses dockers, ces papys du chaâbi, pionniers de cette musique, mais aussi auteurs de certaines des ses plus belle mélodies, retrouvent enfin la reconnaissance dont ils ont été privés il y a 50 ans.

ORIGINES CONTRÔLÉES, CHANSONS DE L'IMMIGRATION ALGÉRIENNE

Avec le projet "Origines Contrôlées, Chansons de l'immigration algérienne", Mouss et Hakim revisitent ces refrains composés le soir après l'usine par des artistes travailleurs immigrés et célébrés dans les cafés algériens du Paris populaire des années 40, 50, 60, et 70. Hommage à toute une génération d’artistes qui ont chanté le départ et l’absence, l’exil, mais aussi le combat politique et la solitude, « Origines Contrôlées » fait revivre ces chansons d’une façon étonnamment actuelle et, loin d’une démarche nostalgique, renoue avec l'idée de transmission. De Slimane Azem à Cheikh El Hasnaoui, de Salah Sadaoui à Matoub Lounès, ce répertoire méconnu du grand public mais partie intégrante de la culture familiale des algériens de France, reflète le quotidien et les préoccupations des premières générations de l'immigration et donne à entendre leur parole. En kabyle, arabe et français, dans la continuité de l'expérience "Motivés" et "100% Collègues", on retrouve ici l'enthousiasmante énergie des chanteurs et des musiciens qui se font passeurs d'un précieux patrimoine.