Années folles – années de guerre : promenade dans le Paris du XXème siècle pour saxophone et piano

Paris, 1846. En donnant naissance au saxophone, le facteur et inventeur d’instruments de musique Adolphe Sax (1814-1894) offre aux musiciens l’occasion de renouveler la famille des instruments à vent. Les plus grands compositeurs de l’époque ne s’y trompent pas, ils lui confieront désormais des rôles-clé dans leurs partitions (« Boléro » de M. Ravel, « Jérusalem » de Giuseppe Verdi, « L’Arlésienne » de G. Bizet, « Tableaux d’une exposition » de M. Moussorsky (orchestration M. Ravel) « Sequenza IX » de L. Berio). L’intransigeant Hector Berlioz lui-même voue la plus grande admiration à Adolphe Sax, le soutient à travers articles et recommandations.

Claude Debussy, dans sa « Rhapsodie » pour saxophone et orchestre, choisit de se démarquer de ses plus récentes compositions (La Mer et Pelléas et Mélisande) : « Pour faire ce que je veux, il faut que je renouvelle entièrement mes tiroirs. » La saxophoniste amateur et mécène Elisa Hall a passé cette commande au compositeur français à l’été 1901.

Quelques années plus tard, en 1918, la même Elisa Hall voit aboutir une nouvelle commande, honorée cette fois par un autre compositeur parisien : la « Légende op.66 » de Florent Schmitt pour saxophone et orchestre. Celle-ci ne sera créée qu’en 1933 après le décès d’E. Hall, la pièce se révélant sans doute trop virtuose pour sa dédicataire.

Alfred Desenclos signe enfin avec « Prélude, Cadence et Final », une parfaite alchimie entre la fraîcheur et la sincérité du style romantique. Dans cette page, le compositeur n’hésite pas à évoquer les grappes jaillissantes d’un Olivier Messiaen.

Ces trois monuments du répertoire pour saxophone ponctueront des pièces interprétées au piano solo. Nous entendrons ainsi l’œuvre d’autres immenses compositeurs français, orfèvres de l’ivoire et compagnons de création, qui ont arpenté le XX^ème siècle et ses luttes, et qui connaissaient comme leur poche tout le bassin parisien, avenues et ruelles, salles de concert, bois et campagnes : Maurice Ravel, Erik Satie, Francis Poulenc et Olivier Messiaen. C’est en partie grâce à eux que le documentariste Bruno Monsaingeon baptisera si justement cette période : « l’âge d’or du piano ».