Au milieu du 20^e siècle, entre les casseroles, les radios, les instruments de musique détournés et les avancées technologiques, François Bayle a dit que le son enregistré était une image projetée par des haut-parleurs, et que comme une image, on pouvait le manipuler, le transformer, le rendre plus ou moins proche des objets et des comportements du monde, mais aussi de nos rêves et archétypes.

Des sons qui dansent, qui brillent, qui planent. Une musique de sons rugueux, de sons lisses, de sons colorés, de sons lourds, de sons diffus. Des formes organiques, des formes génétiques, des formes segmentées, des formes flottantes. L’espace sonore qui se déploie, l’énergie du son qui nous entraîne, nous remplit, nous immerge : voilà la musique acousmatique

Qu’elle nous inquiète, nous déconcerte, nous transporte ou qu’elle nous exalte, la musique électroacoustique fait partie de notre quotidien sonore. Elle est une expérience déroutante, subversive, ou chaque objet sonore transfigure les bruits du monde, pour finalement perdre la trace de ses origines, donnant.à entendre un univers inouï, fragments du réel, genèse onirique où il s’agit de s’émanciper des règles traditionnelles, dans une nouvelle cohérence qui abolit la dépendance au visible. La tentative « acousmatique » nous plonge dans l’espace de l’art numérique où la puissance des machines donne aux compositeurs la possibilité de redéfinir l’idée même de beauté.