Sous une étoile de fer suspendue dans un ciel couleur de viande crue, les croisés transylvaniens, épuisés mais loyaux, poursuivaient leur progression vers…
Merde. Comment s’appelait cet endroit, déjà ?
Ah oui. Bran. La passe de Bran.
Au loin, les nuages se rassemblaient, jaunes comme de la craie, ventrus, hauts comme des murailles. Le souffle de son destrier se muait en vapeur.
Pied à terre, on avait l'impression que le terrain se composait uniquement de jambes – celles des chevaux, par milliers, certaines drapées sous les caparaçons de livrée qui pendaient mollement dans l'air froid et humide, mais pour la plupart, découvertes, rouannes, baies ou noires, se pressant les unes contre les autres tandis que les chevaliers gagnaient la crête pour prendre position. La plupart des fantassins avaient gainé d'acier leurs membres inférieurs, même les hauts de chausses colorés des archers portaient des coquilles d'acier sanglées sur leurs genoux vulnérables.
Les heures s'écoulaient. Un crachin tombait en continue. Des trompettes glapirent.
En selle, la vision changea, le champ de bataille n'étant plus que casques et étendards. Argentée contre le noir des nuées d'orage, une masse de carrures d'acier s'étalait sur sa droite et lui barrait la vue : des chevaliers portant leurs épaisses cottes de mailles. Les fils des grandes familles, impatients. A côté de leur formation se tenait la masse des gueux, des couleurs brouillés reprises au-dessus en écho par la soie trempée et avachie de leurs bannières et étendards.
Les tocsins se mirent à carillonner à travers les collines. Un grand tohu-bohu de voix monta de derrière les lignes. Un chœur chantait une messe. Dans la pénombre, on apercevait des dizaines de drapeaux de clans orientaux, couvrant la route et les champs des environs, et la dizaine de milliers d'hommes à cheval qui les accompagnaient.
Ils étaient beaucoup trop nombreux.
Au loin, sur les ailes droite et gauche de l'armée croisée, des voix rauques et sonores criaient des ordres. Un instant de pause, puis le claquement sec et le sifflement inimitables de flèches qu'on tirait. Une volée – et pas de nouveaux ordres : un silence inhumain, tout au long de la ligne.
Quelque part en dessous, des cris de douleurs.
L'Ordre du Temple chargea, suivit par les nobles transylvaniens. La colonne principale des Croisés avait foncé vers le sud, au travers de la piétaille avant une rotation brutale vers l'ouest afin de prendre l'ennemi de flanc. Deux cents Templiers suivis par trois lances de cavalerie lourde faisaient étalage de leur magnificence.
Comme les mâchoires d’un gigantesque bête, les charges successives brisèrent la tête, le cou et les épaules de la horde coumane avant que la Mort, de pourpre et d'or vêtue, ne vint donner un coup d'arrêt au triomphe de Soldats du Christ.
On ne pouvait que contempler les cataphractaires de la fourbe Byzance donnant l'absolution à l'armée réunie par les Princes de Transylvanie.
Une boue rouge de sang, bleu-rose d'intestins sous les sabots de son hongre. Les hommes hurlaient, traînant les blessés en remontant la pente vers la ligne de crête. Des têtes ballantes, des cheveux poissés de sang, des bouches béantes ; un homme qui hurlait, la jambe ensanglantée et le gros os de sa cuisse, tout blanc, crevant la peau ; un autre en bliaud, couvert de sang du menton au bas de son tablier, en train de fixer sa main, qui gisait un mètre plus loin, dans la boue. Tous ces visages.
A l'extrême droite, les hommes du duc-électeur de Souabe avaient descendu la pente au galop, en pleine charge, lances baissées, et enfoncé les lignes byzantines. Les fantassins grouillaient à leurs côtés, les vouges se levaient et s'abattaient comme une moisson.
Ce n'était pas une contre-attaque. On se battait pour sauvegarder le train de bagages.
Une main gantée de maille surgie de nulle part tira ses rênes vers le bas, meurtrissant jusqu'au sang la bouche de sa monture. Le hongre hurla. Un coup d'épée sectionna le cuir de son étrier. Soixante cataphractaires chargèrent de part et d'autre. Une lance frappa au but par derrière, dans la croupe de sa monture. La boue était molle, sinon il aurait péri, la nuque brisée. L'impact fut trop dur pour qu'il le sente. Il n'éprouva rien d'autre qu'une absence, s'aperçut qu'il gisait, les yeux levés vers le ciel maussade, étourdi, blessé, un néant acide dans sa poitrine. Sa main serrait son épée, la lame s'était brisée à quinze centimètres au-dessus de la garde. Il y avait un problème avec sa jambe et son bras gauche. Un byzantin se pencha du haut de sa monture. Il vit son visage pâle derrière le nasal de son casque.
Pied à terre, il brandit une masse au-dessus de sa tête.
Aux pieds du château de Rucăr-Bran, une pluie abondante s'était substituée à la bruine et ruisselait sur les corps crasseux et mal protégés des orientaux. Englués dans une terre fangeuse, ils peinaient à poser leurs échelles sur les murs d'un bastion qui leur paraissait de plus en plus inexpugnable. Les téméraires qui avaient évité les flèches et miraculeusement réussi à se hisser au sommet de l'enceinte n'eurent pas le temps d'admirer la vue.
Malgré une sévère déculotté en rase campagne, la résistance des infidèles inocula le doute dans le cœur plein de rage du Khan Otrok Sharagan. Les guerriers nomades vivaient dans des tentes de feutre avec leurs arcs et leurs chevaux. Ils n'avaient pas l'habitude des sièges. Sans le soutien des versatiles byzantins, il faudra battre en retraite pour éviter la famine.
Ce château doit tomber, rapidement.
Les croisés étaient fatigués, bien sûr. Ils pataugeaient dans la boue, sous ce ciel couleur de viande crue, la tête basse, le moral encore plus bas, les bannières tout autant en berne que l’ardeur, solitaires dans la vie, solitaires dans la mort.
Au loin, de l’autre côté des douves, les silhouettes noires se rassemblaient pour les attaquer. Les cloches sonnèrent. C'était la Pentecôte. Le septième dimanche après Pâques, commémoreront la descente du Saint-Esprit sur les apôtres et la naissance de l'Église...
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Ce GN, organisé par l'association Chroniques et Chimères s'inscrit dans la cadre d'une chronique, dans un monde largement inspiré de "Vampire : Dark Ages". Il se déroule en jeu en 1157, en Transylvanie
Il se déroulera du vendredi 24 Mai 2019, 16h00, au dimanche 26 Mai 2019, 12h00, à la Forteresse de Thil (Hameau de Maison Dieu, 21390 Vic sous Thil
Il est prévu 70 places de PJ et 30 place de PnJ.
Tous les repas du samedi matin au dimanche midi, ainsi que des grignotages le vendredi soir seront fournis par l'organisation.
Il faut prévoir son couchage , son campement en tente EJ et HJ ainsi que ses couverts + gobelets + assiettes. (RIEN NE SERA FOURNI PAR L'ORGANISATION)
Des toilettes seront à votre disposition.
Si vous êtes un NOUVEAU joueur, contactez IMPERATIVEMENT les orgas avant d'envisager de prendre votre place.
Les inscriptions seront closes le 08 Mai à 23h55. Nous n'effectueront aucun remboursement ni report, ni remplacement de place passée cette date.
Si vous êtes un NOUVEAU joueur, contactez IMPERATIVEMENT les conteurs avant d'envisager de prendre votre place.
Pour tout renseignement, envoyez un mail à chroniques.chimeres[@]gmail.com