DILLON (Electro pop/DE)

Lors de son premier passage il y a deux, dans le cadre du Festival Les Femmes S’en Mêlent, nous avions fait un pari avec Dillon. Avant le concert, nous lui avions dit que pour nous, elle devait être LA révélation du festival, et que nous pensions qu’elle ferait le meilleur concert de cette édition : «je pense aussi», avait-elle répondu dans un demi-sourire ironique… Après le concert, alors que nous la félicitions de son incroyable prestation par un «pari gagné !», la réponse fut la même : «je pense aussi», dans le même sourire désarmant. Nous avons même été obligés d’avouer que ce concert ne fut pas seulement l’un des meilleurs du festival 2012, mais tout simplement l’un des plus impressionnants jamais vu au Ciel. Certes, l’album nous avait bouleversé : voix à se damner, mélodies d’une tristesse imparable, arrangements discrètement magistraux, tous les ingrédients étaient à priori réunis pour une superbe découverte. Mais en live, la demoiselle fait le pari aujourd’hui malheureusement insensé et rare de prendre le public à contre-pied : loin de jouer la facilité en misant sur la beauté de ses compositions, de sa voix et de sa présence scénique, Dillon construit un univers sombre et radical, revisitant son répertoire dans une approche directement inspirée par la scène electro avant-gardiste berlinoise. Son entrée en scène dans un très long noir complet, en susurrant des onomatopées sur des coups de boutoirs de béats électroniques faisant trembler les murs, ou la version totalement méconnaissable et expédiée d’un Tip Tapping que beaucoup attendait de chanter avec elle comme un single formaté, resteront longtemps dans de nombreuses mémoires. Après une telle prestation, il était bien évident que nous nous étions donnés rendez-vous pour un concert à l’occasion de la sortie de l’album suivant. Fait rare au Ciel : nous avons conclu la date sans aucune information sur ce nouvel opus, dans une relation de confiance absolue à la demoiselle. Et à l’écoute de The Unknown, c’est peu dire que nous nous sommes félicités de ce nouveau pari. Sans se départir de sa voix singulière et de son sens stupéfiant d’un songwriting piano-voix, Dillon a gagné en profondeur et en intensité, oubliant les quelques facilités séductrices de son premier album pour aller à l’essentiel, et n’hésitant plus à mettre sur album des sons electro directement issus de ses prestations scéniques. Résultat : un disque déjà très haut dans notre classement des indispensables de l’année 2014.
C’est donc avec une impatience non dissimulée que nous attendons désormais de savoir comment la demoiselle va faire vivre ses nouveaux morceaux sur scène, et quelles surprises elle nous réserve. Et comme nous partageons avec elle le sens du risque, parions à nouveau que ce sera l’un des meilleurs concerts de 2014 au Ciel, à minima …